Chasse du 11 Juin 2012
Il y a de ces journées où l’on oublie que l’on est déjà en été. Sans doute parce que le thermomètre n’est pas digne d’un mois de juin, et que les prévisions météo vaguement instables ne présagent pas d’une dégradation orageuse d’ampleur. Et pourtant, il suffit de quelques bons ingrédients pour déclencher une chasse qui s’avérera bien plus intéressante qu’escompté.
Occupé à diverses obligations professionnelles, c’est un premier grondement de tonnerre entendu au loin par la fenêtre qui me mit la puce à l’oreille. Un orage débarquait en effet sur Lyon et avait plombé le ciel sur l’horizon ouest. Ne prenant pas la peine de vérifier si j’avais deux chaussettes identiques ou bien une batterie chargée dans mon appareil photo, je quittais en trombe l’appartement pour participer à la fête. Entravé par les feux à répétition dans la banlieue, je devrai malheureusement me contenter de voir la pluie s’abattre sur moi et l’orage me dépasser rapidement vers l’Est.
La sensation de fraîcheur peu commune qui se dégageait du sillage du premier orage est palpable sur l’image ci-dessous, tant l’air était limpide et lumineux. On m’aurait dit qu’il s’agissait d’un ciel de traîne en plein mois de Mars que j’y aurais cru sans sourciller.
A cet instant, j’avais peu d’espoir de voir la fin de journée présenter quoi que ce soit d’intéressant. Et pourtant, me tournant vers l’Ouest, je constatais qu’une langue d’air doux et instable était encore présente dans la vallée du Rhône. Notez l’aspect du ciel plus « crasseux » à l’horizon :
En bon technophile que je suis, me voici à consulter sur mon smartphone les derniers échos radar de précipitation. J’y découvrais une multitude d’orage plus ou moins sévères affectant le Massif Central et semblant se développer le long d’une anomalie d’altitude progressant rapidement vers l’Est. Je décidai donc de patienter quelques heures sur le promontoire que j’avais déniché par un relatif hasard.
La température avait toutefois quelques difficultés à remonter convenablement. Il faut dire que je me situais alors dans les fameuses « terres froides » de l’ouest de l’Isère. Conscient de l’énergie aspirée par le premier orage sur cette zone, et observant sur le radar qu’une cellule puissante remontait vers les plaines de l’Ain, je pris le risque de quitter mon point de vue et de foncer vers le Nord. En chemin, rassemblant mes esprits, je réfléchis sérieusement à la situation et remarquai que les Monts du Lyonnais, situés à l’ouest de la capitale des Gaules, étaient restés en marge de l’activité orageuse jusqu’à présent. Le soleil y avait bien réchauffé l’atmosphère depuis le début de journée. Il etait fort probable que cela finisse par s’activer sur ce petit relief ! Je bifurquai définitivement vers l’Ouest, abandonnant l’idée d’intercepter les cellules déjà en forme plus au Nord et croisais les doigts pour ne pas regretter mon choix. Il suffira de quelques minutes pour voir soudainement l’aspect du ciel changer dans cette direction et une ligne d’averse soutenue se former sur le radar. Tiens, ne serait-ce pas l’occasion rêvée de tenter une envie de longue date ? Placer l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, à l’est de la ville, en premier plan d’un décor orageux.
Après une navigation au « feeling » à base de petites routes et chemins, je me retrouvais miraculeusement face au seul panorama qui domine les pistes de l’aéroport. C’est mon jour de chance ! Lorsque je sortis de la voiture, je fus choqué de découvrir que j’avais regagné 10 degrés par rapport au lieu que j’avais quitté à peine 45 minutes plus tôt. Ne manquait plus qu’un joli orage pour agrémenter tout cela. Sur l’horizon commençait à se dessiner une épaisse et menaçante bande nuageuse, depuis laquelle s’extirpaient quelques impacts de foudre. C’est bel et bien un magnifique Arcus qui était en train de se former au dessus de Lyon !
S’en suivit le déferlement d’une véritable vague dans le ciel. Un Arcus présentant une des plus belles textures qu’il m’ait été donné de voir sur une formation de ce genre.
A noter qu’à l’instant de cette photo, le traffic aérien n’était pas encore interrompu ! Je n’aurais pas vraiment souhaité décoller dans ces conditions…
La fin de soirée se révéla quelque peu électrique avec une explosion généralisée sur l’Isère. Le ciel fut cependant nettement moins esthétique et les éclairs le plus souvent noyés et insaisissables. Pas de quoi se plaindre pour autant, après une telle chasse surprise !
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